Le marché porte sur la rénovation du complexe cinématographique d’art et essai Pathé Palace, logé dans un bâtiment à l'histoire mouvementée, partiellement classé, construit par l’architecte Paul Hamesse en 1913. Le projet est destiné accueillir, outre les quatre salles, un espace Horeca, un café, un magasin culturel et des bureaux. Il a été attribué à l'Atelier d'architecture Alain Richard et son ouverture au public a eu lieu le 28 février 2018.
Le projet d’Alain Richard ne repose pas sur une fidèle reconstruction du passé, mais bien sur son intégration originale dans la conception des nouveaux espaces, redéfinissant les circulations et mettant l'activité du complexe en lien avec tout le quartier, en particulier vers Saint-Géry. L'architecte crée en son centre un grand vide appropriable (le foyer) alimenté par un puits de lumière naturelle et place le volume de circulation verticale - où intervient le plasticien Pierre Toby, auteur de l'intégration d'oeuvre d'art. Pour souligner les différentes périodes que l’établissement a traversées, l’architecte a imaginé une mise en perspective de ces couches historiques, provoquant un dialogue interpellant entre les époques. Grâce à ce jeu de valorisation des multiples strates - notamment par la conception lumière imaginée par Henriette Michaux et par la création de luminaires par des étudiants de trois écoles d’art (Bischoffsheim, Académie royale des Beaux-Arts et Arts au carré Mons) -, vestiges du passé et éléments contemporains se répondent, donnant ainsi écho à toute l’histoire du bâtiment.
Le Palace est en effet reconnu comme l'un des lieux historiques du cinéma bruxellois : c’est en 1913 que la société française Les Grands Palais d’Attractions Pathé Frères charge l’architecte Paul Hamesse de la construction d’un flamboyant complexe de divertissement sur le modèle des « théâtres à l’italienne ». Ainsi, dès son origine, le Pathé Palace est pensé comme un espace polyvalent (cinéma, café-concert et music-hall), destiné à offrir une expérience de sortie totale à ses adeptes. Alors fort de ses 2500 places, l’établissement sera considéré durant de nombreuses années comme le plus grand théâtre cinématographique de la capitale. Pendant un siècle, le bâtiment va connaître plusieurs transformations importantes. En 1950, la salle "à l'italienne" est complètement transformée : les éléments de décoration d’origine sont démolis pour la plupart (seuls quelques vestiges de 1913 subsistent, à l’abri des regards, dont le Foyer Hamesse). En 1973, Le cinéma ferme, suivi de l’installation d’un showroom dans le vestibule de l’aile Anspach, qui engendre la destruction des doubles volées basses d’escaliers et l'aménagement de parkings à la place du parterre de la grande salle. En 1998, un an après le classement (les trois façades et le foyer Hamesse), le cinéma Kladaradatsch ! ouvre ses portes dans la grande salle, alors divisée en trois ; l’architecte Joël Claisse conduit la restauration à l’identique du foyer Hamesse et de sa galerie. En 2001, la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) rachète le bâtiment et l’architecte Olivier Bastin y installe un équipement scénographique adapté le temps de la construction du nouveau Théâtre National de Belgique. En 2004, l’asbl Le Palace remporte l’appel à projet initié par la FWB, porté par plusieurs acteurs importants du cinéma belge : Luc et Jean- Pierre Dardenne (Les Films du Fleuve), Patrick Quinet (Artémis Productions), Eliane Du Bois et Stéphane De Potter (Cinéart-Cinélibre), Nicole La Bouverie (Zénab). Au programme : cinéma d’auteurs belge, européen et international, activités éducatives et grands événements.
